Les cinéphiles connaissent bien le n°11 de la rue Campagne Première : c'est là que le jeune truand d' A bout de souffle passe les dernières heures de sa folle cavale avant d'être abattu un peu plus loin dans la rue.

Le porche du n°9 donne accès à l'une de ces cours d'ateliers qui foisonnaient à Montparnasse au début du XXème siècle. Ceux-ci furent construits avec des matériaux de récupération de l'Exposition Universelle de 1900.

La façade en béton cannelé du n°3 a définitivement anéanti le relais de poste transformé en ateliers en 1905, avec ses boutiques et sa crèmerie ouvertes sur la rue. Sans cette "cantine providentielle" tenue par Rosalie, ancien modèle et mère nourricière, de 1909 à 1929, l'Art moderne serait mort d'inanition : les artistes sans le sou, au coude à coude avec les ouvriers des chantiers voisins, venaient manger pour rien la pasta sauce bolonaise. Reconnaissant, MODIGLIANI y peignit un mur que Rosalie fit recouvrir un peu plus tard d'un badigeon uni !

Autre disparition, à l'angle de la rue, côté pair, le JOCKEY, ouvert en 1923. La première boîte de nuit de Montparnasse aura vu les débuts des orchestres de Jazz et le triomphe de la pulpeuse KIKI, dansant et chantant presque tous les soirs. "Pendant une dizaine d'année, écrit Hemingway, elle a été aussi près qu'on peut l'être de nos jours de devenir une reine". Racheté par Héléna Rubinstein, le rendez-vous fatigué des noctambules disparut en 1934.

 

 
     

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